Acouphènes

24 mai 2015 par Luci Sogorb

Image 3Acouphènes : pourquoi c’est si compliqué

Les zones cérébrales impliquées dans la genèse des acouphènes sont multiples et pas forcément liées aux seules aires auditives.

En France, 16 millions de personnes disent souffrir d’acouphènes. © GARO / Phanie / AF
BOURDONNEMENTS. C’est une première pour la recherche en matière d’acouphènes.
Un travail international paru dans eLife et mené chez l’animal par des chercheurs chinois, américains et canadiens permet enfin de mieux appréhender la complexité de cette maladie qui se manifeste par des bruits gênants dans les oreilles.
En France, 16 millions de personnes disent en souffrir. Pour certains, ces bruits dits fantômes se traduisent par un bourdonnement, pour d’autres par un sifflement. Mais dans tous les cas, la médecine peine souvent à les soulager totalement, leur prise en charge s’avérant très complexe car leurs mécanismes précis n’ont pas encore été totalement décryptés.

Un réseau neuronal très sophistiqué

Cette collaboration internationale laisse apparaître que les zones cérébrales impliquées dans la genèse des acouphènes sont multiples, bien plus nombreuses qu’on ne l’imaginait, reliées entre elles par un réseau neuronal très sophistiqué et pas forcément liées aux seules aires auditives.
Ce qui constitue une étape importante dans la compréhension de ces troubles.
Les chercheurs ont dans un premier temps induit des acouphènes chez des rongeurs en utilisant des doses progressives d’aspirine, dont l’ototoxicité (toxique pour l’appareil auditif) est bien connue.
Ils ont ensuite observé le fonctionnement de différentes zones cérébrales via une Irm et sont arrivés à la conclusion que celles ci étaient très nombreuses à être sollicitées. Parmi elles : l’amygdale, la formation réticulée, l’hippocampe et le cervelet, des zones plutôt spécialisées dans la gestion des émotions, l’éveil, la localisation des sons ou bien encore l’équilibre.

Reste à éclaircir la nature des liens neuronaux existant entre ces différentes régions avant de mettre au point de nouvelles approches thérapeutiques.
Très récemment, un autre travail très proche et paru, lui, dans Current biology fin avril avait apporté un éclairage identique chez un patient atteint d’acouphènes chroniques : des électrodes implantées directement dans son cerveau avaient permis de mesurer l’activité électrique de ces acouphènes dans différentes zones du cerveau.

 

L’acouphène : définition, symptômes, traitement

Qu’est-ce que c’est ?

Les acouphènes sont des bruits « parasites » entendus par un individu en l’absence de sources sonores extérieures. Ils peuvent être occasionnels ou permanents, et s’accompagner ou non de pertes auditives.

 

Comment ça s’explique ?

L’acouphène résulte d’un dérèglement de la transmission du son au cerveau. Ses causes sont multiples et parfois difficiles à identifier.

Des acouphènes peuvent survenir après l’exposition à des bruits intenses, comme une musique à forte puissance, ou à la suite d’une baisse normale de l’audition liée au vieillissement de l’oreille. Mais ils peuvent également être causés par une maladie ou une pathologie comme :

– un bouchon de cérumen,

– une infection de l’oreille,

– le syndrome de Ménière (maladie chronique de l’oreille interne),

– une hypertension artérielle,

– un taux de cholestérol élevé.

Enfin, un acouphène peut se déclarer suite à une prise excessive de certains médicaments, d’alcool ou de drogues. Le surmenage, la fatigue ou le stress sont aussi parfois des facteurs explicatifs.

16 millions de Français concernés par les acouphènes

 

Quels sont les symptômes ?

Les acouphènes peuvent prendre la forme de bourdonnements, sifflements, vrombissements ou tintements. Au niveau de l’intensité, cela peut aller du sifflement d’une cocotte-minute à celui d’un moteur. Les symptômes s’accompagnent parfois d’une perte d’audition, d’une hyperacousie (sensibilité aux bruits puissants) ou encore d’insomnie.

 

Que faire en cas d’acouphène ?

Si les acouphènes constituent une gêne au moment du coucher, il est conseillé de les couvrir par une musique douce (type relaxation) ou par le tic-tac d’un réveil posé sur la table de nuit.

Si les acouphènes sont passagers, il est recommandé d’allumer la radio en cherchant un bruit blanc (par exemple, le réglage entre deux fréquences). Il est également possible de diminuer le désagrément en s’allongeant dans le noir et au calme.

Si l’acouphène s’accompagne d’une surdité, la pose d’un appareil auditif peut être recommandée.

Il n’existe pas vraiment de possibilité de traiter les symptômes, il faut les « apprivoiser ». Il est important de ne pas s’isoler et d’en parler, par exemple au sein de groupes de paroles (agenda des groupes de paroles en France).

 

Comment l’éviter ?

Pour éviter les acouphènes, voici quelques conseils : – éviter l’exposition aux sons forts en portant des protections (bouchons, casques…), – éviter l’abus d’alcool et d’excitants (café, thé, coca-cola), – éviter la prise de certains médicaments de façon prolongée et à hautes doses comme l’aspirine ou l’ibuprofène, – faire de l’exercice (se dépenser aide à prévenir certaines maladies, comme l’hypertension, qui sont souvent à l’origine des acouphènes), – bien gérer son stress (par exemple en pratiquant la relaxation, le taï-chi, ou le yoga).

 

Quel est le traitement ?

La gêne, d’intensité très variable d’une personne à l’autre, disparaît souvent spontanément. Quand les symptômes persistent, il est conseillé de consulter rapidement son médecin qui pourra orienter vers un ORL. Ce spécialiste détermine l’origine de l’acouphène pour mettre en place le traitement adapté. Des médicaments peuvent éventuellement être prescrits. Dans certains cas, une « thérapie acoustique d’habituation » permet d’apprendre à tolérer le bruit. Un soutien psychologique ou le recours à une thérapie cognitive et comportementale (en quelques séances) peuvent également être mis en place. Enfin, l’utilisation d’un appareil auditif permet parfois de soulager les acouphènes.

 

Quelles sont les conséquences ?

L’acouphène peut affecter fortement la qualité de vie. Beaucoup de personnes ont notamment des difficultés pour dormir et se concentrer. Les bruits perçus provoquent souvent des états d’anxiété importants et peuvent mener à la dépression. Des personnes très sensibles à certains sons (bavardage, musique forte), préférant alors éviter les situations sociales, peuvent basculer dans l’isolement.

 


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Derniers commentaires

  • Chrystèle GIllé 9 ans agoReply

    Bonjour,

    je pense que les recherches évoluent beaucoup sur ce point dans le cadre de la neuroplastie cérébrale et je mets tous mes espoirs dans ces progrès pour qu’à l’instar de ce qui est fait pour les membres amputés soient trouvées des solutions agissant sur la « reprogrammation » du cerveau afin que d’autres zones du cortex puissent interagir avec la zone de perception qui met constamment ce bruit en avant à notre conscience.
    Comme me l’a dit récemment le chercheur Nicolas FARRUGIA (Université de Londres), il semble possible de parvenir à mettre le signal en retrait en s’exerçant à amener à la conscience d’autres sensations qui deviendraient prégnantes à la place de l’acouphène. Typiquement, lorsqu’on a en tête un vers d’oreille (petite mélodie en boucle qui tourne dans la tête), l’acouphène semble disparaître. C’est en fait que la conscience est absorbée par autre chose.

    • Luci Sogorb 9 ans agoReply

      Bonjour,
      merci de votre message, en effet les neurosciences apporteront certainement des solutions à ce trouble.
      Pour ma part, avec le neurofeedback, il m’est arrivé dans certains cas d’obtenir des résultats de cet ordre, c’est à dire de la mise en retrait du signal, d’où une diminution de l’intensité et de la fréquence de la perception des acouphènes et un soulagement pour la personne.
      Mais le travail est long, un nombre important de séances sont nécessaires.

      • Chrystèle GIllé 9 ans agoReply

        Merci également pour votre retour. Puis-je vous demander à quel endroit vous avez suivi les séances dont vous parlez ?

      • Luci Sogorb 9 ans agoReply

        Bonjour,
        Dans mon cabinet, je suis praticienne de neurofeedback.
        Concernant mon cas personnel, suite à une otospongiose, j’ai développé des acouphènes et vertiges très envahissants que les séances de neurofeedback ont soulagé.
        Par ailleurs parmi les personnes que j’accueille, j’ai également obtenu dans certains cas seulement, des résultats encourageants avec comme je vous le disais beaucoup de répétition et de régularité ds les sessions.