Un zèbre à Vitré, une association pour enfants à haut potentiel, qui utilise le neurofeedback dynamique

24 octobre 2018 par Luci Sogorb

Un zèbre à Vitré, une association pour enfants à haut potentiel, qui utilise le neurofeedback dynamique

L’association Un Zèbre à Vitré qui regroupe des centaines de parents d’enfants à haut potentiel utilise le neurofeedback dynamique système Neuroptimal, sa présidente Edith Jolivet témoigne dans cet interview.

L’association

Zèbres, c’est ainsi que Jeanne SIAUD-FACCHIN, psychologue spécialisée, a pris l’habitude de désigner ces personnalités atypiques.

  • Comme les zèbres dont les rayures les distinguent des animaux de la savane, mais qui sont cependant uniques comme les empreintes digitales. Le zèbre, seul équidé que l’homme ne parvient pas à domestiquer et qui, lorsqu’il court, devient invisible par l’effet stroboscopique de ses rayures…
  • Zèbres encore, parce que ces animaux singuliers, ont besoin d’être en bande, en troupeau, entre eux, pour vivre et que les liens de proximité et de coopération sont centraux dans leur communauté de vie.
  • Zèbres enfin pour sortir de ce vocabulaire, lourd de sens erroné et de mythes néfastes : intellectuellement précoce, précoce, haut potentiel, surdoué… aucun ne convient, aucun n’exprime ce qu’il faudrait, d’emblée, comprendre.”

« Un Zèbre à Vitré »

Après quelques heures de recherches et de noms plus loufoques les uns que les autres, « Un Zèbre à Vitré » a semblé correspondre parfaitement à la problématique qui nous a réunis, tout d’abord pendant un an, en collectif et depuis peu en association.  » Un Zèbre…, parce que comme l’explique si bien Jeanne Siaud-Facchin, aucune autre dénomination ne décrit correctement le sujet. …à Vitré », pour une action que nous avons voulue locale, sectorisée au sud-est de l’Ille-et-Vilaine ; certains d’entre nous sont obligés d’envoyer leur enfant jusqu’à Marseille, faute de solution dans le secteur… Un zèbre à Vitré, c’est déjà perturbant, mais alors à Marseille, on ne vous dit même pas.  » Un Zèbre à Vitré « , pour parler du sentiment de solitude des parents devant la souffrance de leur enfant, perdu dans un monde qu’il ne comprend pas et regardé comme une bête curieuse.

Cette association a pour objectifs, par différents moyens d’aider à la reconnaissance et à la prise en charge de la précocité intellectuelle, tant d’un point de vue éducatif, parental que de la santé psychique. Nous sommes parents d’enfants ou adolescents qui ont été diagnostiqués dernièrement « Enfant Intellectuellement Précoce ». Un combat de longue haleine a été mené par chacun d’entre nous, sans savoir que cette précocité intellectuelle pouvait être la cause de tant de douleurs et de mal-être, ainsi que parfois de l’échec scolaire de nos enfants. Depuis que « nos enfants » ont été testés, la plupart vont beaucoup mieux ; les suivis psychologiques et autres thérapeutiques ont été adaptés à cette nouvelle donne, avec d’excellents résultats.

On considère qu’en ce moment même, 400 000 enfants scolarisés de 6 à 16 ans, en France, sont des hauts potentiels, 1 à 2 par classe. Ce chiffre ramené au département, est de 6 000. Au sud-est du département, plus de 1 000 enfants. La moitié d’entre eux est en difficultés scolaires. Un tiers ne mettra pas les pieds au lycée

Seulement 1% de ces enfants sont testés. Les autres sont dans la nature, souvent étiquetés à tort ; en total incompréhension du monde qui les entoure, de ses codes et obligations.
Leur rapport aux autres est biaisé, tant avec leur groupe d’âge qu’avec les adultes en charge de leur éducation.
La précocité n’est pas une étiquette, elle est leur identité, la reconnaître, c’est poser des jalons nécessaires à leur construction et à leur avenir.
Devant les faits, nous avons pris conscience de la méconnaissance du sujet, que ce soit au niveau de l’Éducation Nationale ou de la psychiatrie infantile, ainsi que des parents.
Une prise en charge rapide permet d’éviter des situations dramatiques pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire, la déscolarisation, voire même des tentatives de suicides…
Dans un premier temps la sensibilisation des acteurs éducatifs nous semble être une priorité.
Des fiches de détection adaptées, maternelle-primaire et collège-lycée seront bientôt disponibles.
Elles pourront être un support concret pour tous les professionnels concernés (enseignants, infirmières scolaires, psychologues, directions d’établissement, CPE, médecins traitants…).

Dans un deuxième temps, nous aimerions que des équipes soient formées au sein des établissements scolaires (maternelle/primaire et secondaire) pour une prise en charge globale et continue, tout au long de la scolarité de ces enfants en difficulté. Actuellement, il y a très peu de solutions proposées… Nous avons actuellement l’appui et le soutien de Pierre Méhaignerie et des élus de Vitré. Être différent «hors norme» depuis toujours sans l’avoir su conduit à une comparaison aux autres, qui fait se sentir « anormal ». Cette anormalité conduit à une faible estime de soi, parfois associée à d’autres troubles; leur perfectionnisme allié à une grande lucidité ne leur permet pas de se reconnaître dans cette définition du surdoué. Si ils se reconnaissent aisément dans les troubles, peu se sentent intelligents, bien au contraire.

« On ne peut se penser intelligent, quand on mesure ses propres faiblesses avec la lucidité aiguë du surdoué, qui ne lui permet aucun aveuglement  »

dit Arielle ADDA, psychologue spécialisée dans la surdouance.

Comprendre, Accepter

Se connaître

Comprendre est essentiel.

Il ne s’agit pas d’être étiqueté « surdoué », mais de savoir qui on est, et où on va.
Sous ce nouvel éclairage, pouvoir revisiter son passé et le réinterpréter.

C’est un long voyage que de rejouer le vécu avec cette autre coloration, ne plus se croire fou mais simplement différent, hypersensible et pas immature, rêveur de grands chemins et non plus apathique.
Tout comme le vilain petit canard qui, à la vue de ses congénères, comprend enfin sa différence et son identité.
Sortir des croyances limitantes qui ont borné l’enfance, et parfois empoisonné une vie entière.

Accepter pour avancer

Si cela semble aller de soi, il n’en est rien. Apprendre que la cause, de tant de souffrances, de « mygales intracrâniennes », est un QI hors normes, ne s’accepte pas si facilement.
Le grand écart est parfois très violent, passer de « cancre » à « surdoué », ou d’Hospitalisé en Psychiatrie (HP) à Haut Potentiel (HP), en a assis plus d’un, pour un moment.
Et tout simplement ce petit canard qui a tant fait pour être comme tout le monde, on lui signifie certes qu’il est un cygne, mais surtout, on entérine l’une de ses plus grandes peurs : sa différence.
Apprendre simplement de sa palette, avec ses couleurs froides et ses couleurs chaudes, ses plus et ses moins qui permettent de prendre le chemin de sa ré-création.

Faire fi de sa culpabilité et :

  • tout faire à la dernière minute quitte à faire une nuit blanche.
  • fuir comme la peste la fête du week-end prochain où vous savez d’avance que vous allez vous y ennuyer “ comme un rat mort “.
  • changer de travail pour la Xème fois avant que le temps ne vous statufie.
  • accepter les phases de réalisation un peu « too much » et les périodes de vide abyssal, où, bien cachés au fond de la caboche les idées germent à foison, derrière la larve ectodermique affalée sur le canapé.
  • prendre les montagnes russes des émotions avec l’innocence d’un enfant, du rire aux larmes.

Jean qui rit, Jean qui pleure… et alors ça gène quelqu’un ?

La norme de la norme, n’est pas la norme du zèbre.

On peut citer Pearl Buck:

« Un toucher est un coup, un son est un bruit, une malchance est une tragédie, une joie est une extase, un ami est un amant, un amant est un dieu, et l’échec est la mort »

Facile ? non pas tous les jours.
La moyenne ? connaît pas.

Les extrêmes s’ y chevauchent en permanence jusqu’à parfois croire être arrivé au bout des terres, là où le monde bascule… et où le ciel nous tombe sur la tête.
Accepter, c’est renouer avec l’intuition, prendre les décisions au coup de coeur et ne jamais tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.
Ecouter enfin cette petite voix qui dit non, non, pas par là, mais plutôt par ici, maintenant, tout de suite, et se réjouir de sa mélodie.
Mettre en diapason son intelligence et sa sensibilité et en faire sa force, son bras de levier.

Prendre la vie à bras le corps

Einstein disait

 » Inventer c’est penser autrement. »

Alors inventons !

Mettons-nous au service de la création, de l’Art, de la recherche scientifique, de la pédagogie, du soin, de l’humanitaire, de l’écologie, …
De tous les domaines qui ont besoin de zèbres qui assument leurs rayures.
Changer de regard sur soi, abandonner ses oripeaux de souffrance pour enfiler son habit de ressources.

 

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » Marc Twain.

Se dépasser, réveiller en soi l’indomptable optimiste.

Et le cygne de prendre son envol…


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