S’offrir un peu de confiance par Thierry Tournebise

26 novembre 2014 par Luci Sogorb

S’offrir un peu de confiance par Thierry Tournebise

Pour oser l’attention, un peu de confiance nous aiderait. Surtout un peu de confiance de soi-même envers soi-même. Le contrôle et la maîtrise ne sont pas tout, loin s’en faut!

 

Confiance en soi

On a malheureusement surtout appris à se méfier de soi. La maîtrise de soi est plus à la mode que la confiance en soiD’ailleurs, les rares fois où l’on évoque l’idée de confiance en soi, c’est pour dire qu’on est capable de se maîtriser!

L’ancienne culture de lutte contre le mal et contre les démons a fait place à une science de l’inconscient désignant celui-ci comme étant emplit de choses telles que « ce petit garçon de cinq ans qui veut coucher avec sa mère et tuer son père » décrit avec le complexe d’Œdipe. On peut se demander si ce n’est pas pire que les démons!

Où sont le progrès et la modernisation? N’est-ce pas un prolongement des mêmes concepts culpabilisants? En tout cas, cela provoque la même réticence à aller se rencontrer soi-même au plus profond de soi!

D’autre part, nous entendons couramment « maîtrise-toi, ne t’écoute pas, sois fort, dépasse-toi, ne sois pas si sensible… » Difficile alors d’accéder à soi sans crainte, quand ce qui nous habite est depuis si longtemps stigmatisé comme étant mauvais, à dominer et à vaincre!

Dans cette culture d’une lutte effrénée contre le mal (qu’elle soit religieuse ou laïque) nous perdons nos racines, que l’on nous invite toujours à couper plus courtes. Ces racines ne sont surtout pas reliées à quelque idéologie que ce soit, mais plus simplement à nous-mêmes, et à ce que nous ressentons de plus intime.

Naturellement, si au contraire un attachement exclusif aux racines empêche de se tourner vers les autres et vers l’avenir, cela est tout aussi pernicieux. Il est souhaitable qu’il n’y ait ni rejet ni attachement, mais plutôt simplement réhabilitation.

Un arbre a autant besoin de ses racines que du développement de ses feuillages pour donner des fruits.

Nous avons certainement à redécouvrir les valeurs intimes qui sont en nous, ces multiples raisons qui nous habitent, ce sens profond et personnel sur lequel s’appuie, à notre insu, tout le déroulement de notre vie… cette fameuse richesse de celui que nous sommes, de tous ceux que nous avons été (depuis que nous existons) et de ceux dont nous sommes issus (nos ascendants).
C’est cette richesse qui nous permet réellement d’aller vers un futur plus plein, plus riche, plus prolifique.

 

Le vrai mal

Le vrai mal, ce sont tous les manques de soi à force de se rejeter soi-même.Or ces manques demandent plus d’être comblés que d’être combattus ! Une sorte de mal d’amour, de mal d’amour de soi que l’on n’a jamais appris à se donner.

On a à tort confondu l’amour de soi avec l’ego. Or celui qui a de l’ego ne s’aime pas !
Il utilise seulement une apparence idéalisée de sa personne, ainsi que diverses plaisirs personnels, pour compenser le fait qu’il ne s’aime pas. Pareil à la mission impossible des Danaïdes, son tonneau n’est jamais plein.

Se donner de la confiance, c’est cesser de se fuir. C’est renouer avec ce qui est précieux en nous, c’est ne plus se laisser envahir par des notions de combat contre ce qui est en nous, c’est apprendre à écouter ce que nous ressentons.

Se donner de la confiance, c’est accéder à l’acceptation de zones de non-contrôle. C’est découvrir la délicatesse des ressentis, qui, même quand ils ressemblent à des tempêtes, nous conduisent à ce qui, en nous, est si précieux et réclame simplement notre attention. Il est utile de préciser que ce qui est précieux en nous, c’est ce qu’on est, bien plus que ce qu’on fait.

Naturellement, il est souhaitable de continuer à contrôler la manifestation de ses pulsions de colère ou de violence au niveau des actes. Le respect d’autrui le réclame impérativement. Ce qu’il faut cesser de contrôler, c’est la raison qui produit ces ressentis en nous. L’écouter, c’est s’en libérer et les actes cesseront. La combattre, c’est la maintenir et les actes continueront de pire en pire. Nous verrons plus loin comment aborder cette apparente contradiction.

 

La confiance en l’autre

Ce plus de confiance en soi nous aide à considérer autrui différemment. Avoir confiance en l’autre, c’est comprendre qu’il a une raison. Pour cela il est souhaitable d’avoir su différencier l’individu de ses actes (ou paroles).

Sur ce sujet, vous pouvez lire (ou relire)

L’article de septembre 2001 sur L’Assertivité
L’article de mars 2001 Un quelqu’un en habit de personne
L’article de janvier 2001 sur La bonne distance dans le management
L’article d’octobre 2000 sur La recherche d’emploi

Ces articles précisent bien la différence entre ce qu’on fait (qui est quelque chose), et ce que l’on est (qui est quelqu’un). On y trouve clairement exposé comment le quelqu’un vaut toujours plus que le quelque chose. Vous pouvez également consulter l’ouvrage L’écoute thérapeutique, à l’édition ESF, chapitre « le stress bienfaiteur » page 103.

Avoir confiance en l’autre, ce n’est pas forcément avoir confiance en l’innocuité de ses actes. C’est comprendre qu’il a une raison de les commettre… mais tout en se préservant de leurs effets si ceux-ci sont dangereux.

Avoir confiance en l’autre, en aucun cas, ne veut dire s’exposer à sa malveillance.

Cette confiance nous conduit surtout à ne pas prendre pour notre compte ce qui n’est qu’une expression de lui (de la raison de son mal-être). Cela nous permet au moins de ne pas le dramatiser, et au plus de permettre à l’autre de s’apaiser et de cesser d’être dangereux. Dans les deux cas, nous aurons beaucoup moins de stress.

Notre stress vient souvent du fait que nous voulons contrôler plutôt qu’entendre. Ceci provoque en nous tension et épuisement, et chez l’autre un agacement et une aggravation de ses comportements.

Pour mieux comprendre comment opérer cette confiance et cette ouverture, je vous invite à lire le dossier sur la communication  traitant des cinq points de validation.

 

Un apaisement profond du stress

La surcharge d’action, le manque de sommeil, la mauvaise alimentation, les toxiques (alcool, tabac) sont aussi parfois cause de stress. D’un autre côté, ces ingrédients sont souvent utilisés comme outils de gestion du stress : un peu de tabac, d’alcool, d’hyperactivité, des loisirs tard dans la soirée peuvent avoir pour projet de nous faire oublier nos tensions et notre mal-être.

Même si à dose modérée l’alcool et le tabac peuvent effectivement rendre ce service, nous risquons avec des doses excessives d’engendrer au contraire une augmentation de notre stress. Il est difficile d’énoncer ce qu’est une dose exagérée (en dehors des excès exceptionnels) avec exactitude, mais probablement que plus de trois cigarettes quotidiennes ou plus de deux verres de vin par jour atteignent déjà une dose excessive.

Quant aux loisirs tard dans la soirée, aux excès alimentaires ou au sport pratiqué en excès, là aussi le but initial est de se déstresser… mais le résultat sera contraire.

Naturellement il n’est pas question de s’infliger de vivre triste. Mieux vaut trouver l’équilibre entre ce qui représente de réels plaisirs de la vie et ce qui au contraire nous éloigne de la vie.
Les leurres sont nombreux, même l’ascétisme peut en être un, visant, par une idéologie, à se donner un sentiment (illusoire) de plus de pouvoir sur soi, nous faisant oublier nos faiblesses (ou ce que l’on juge être des faiblesses).

Le problème vient du fait qu’ici le but n’est pas d’être à l’écoute de soi pour se donner plus de soin, mais de s’anesthésier pour ne plus rien sentir… finalement nous en augmentons notre vulnérabilité.
Le signal devra alors augmenter en intensité pour que nous l’entendions quand même.

Toute « gestion du stress » utilisant un moyen anesthésiant peut avoir un effet bénéfique à court terme. Mais en continu, cela aggrave la situation que l’on cherchait à apaiser. Que ce moyen soit les loisirs, ou de l’alcool, ou des médicaments prescrits par le médecin, ou une technique de relaxation… nous pouvons rencontrer ce dérapage.

Vous remarquerez que je cite des moyens forts différents, dont certains sont physiologiquement plus dangereux que d’autres. C’est pour faire mieux ressortir la nature du piège d’une attitude de lutte contre le stressLe but n’est pas de le combattre, mais d’entendre ce qu’il nous dit, d’écouter l’avertissement qu’il nous propose et de se donner l’attention ou le soin correspondant.

Fonctionner avec une idée de combat du stress ne fait qu’ajouter au stress.

 

La sensibilité

La sensibilité est un allié inattendu. En effet l’on se croit souvent stressé par trop de sensibilité. Si bien que certains imagineront de se blinder pour ne plus l’être.

Or le stress est justement notre prothèse venant compenser notre insuffisance de sensibilité à nous-mêmes. Le stress compense notre manque de sensibilité à ce qui nous ferait du bien ou du mal.
Il ressemble au nez de Pinocchio qui s’allonge quand il ment. Le stress apparaît quand nous nous mentons à nous-mêmes.

La sensibilité, c’est la capacité à percevoir de façon plus juste, plus lucide. « Sensibilité » et « lucidité » sont quasiment des synonymes.

 

Bien différencier

la sensibilité qui nous permet de percevoir avec finesse
l’émotivité qui, nous plonge seulement dans notre imaginaire.

 

L’émotivité est le résultat d’un manque de sensibilité nous conduisant à imaginer plutôt qu’à percevoir, car nous ne nous sentons pas capables de faire face à la réalité.

L’émotivité est un flash suivi d’une sensation de vide, alors que la sensibilité produit un vécu intense et profond suivi d’un sentiment de plénitude. Si l’émotivité peut conduire au plaisir, seule la sensibilité conduit à une réelle jouissance de vivre.

C’est grâce à cette sensibilité restaurée que nous pourrons enfin prendre soin de soi.
Une sensibilité à ce qui nous entoure, mais aussi et surtout une sensibilité à ce qui se passe en nous.

 

Source : Cabinet de formation en Communication, Ressources Humaines et Psychothérapie (Thierry Tournebise)


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